Le programme CDP 2026, qui vise à financer des projets scientifiques interdisciplinaires à l’échelle de l’UGA, a officiellement été lancé via un AMI et une information aux directeurs de labos, deuxième semaine de septembre, avec une date limite de dépôt des propositions fixée au 6 octobre. Un délai extrêmement court pour construire un projet interdisciplinaire solide, impliquant souvent plusieurs laboratoires, unités et partenaires.
Pire encore, cet appel n’a pas été relayé de manière uniforme : de nombreux chercheurs ne sont toujours pas informés à ce jour — le message n’ayant pas été systématiquement transmis par les laboratoires. En euphémisant, c’est ce qui s’appelle un dysfonctionnement de communication interne.
Au-delà de ces premiers constats, le déroulé prévu du processus décisionnel autour des CDP est difficilement compréhensible :
- L’AMI a été présenté aux DUs le 18 septembre, soit plusieurs jours après son lancement officiel, le 5 septembre.
- Le cahier des charges doit être validé le 24 octobre par le directoire IDEX MAIS :
- Le Directoire Idex ne fait pas partie des organes de gouvernance de l’UGA.
- L’appel à projets sera lancé sans aucune information ni discussion en commission recherche (prochaine réunion prévue le 6 novembre), ni de présentation au CAC (prochaine réunion plénière fixée au 20 novembre).
- La labellisation finale des projets est annoncée pour le 03/04/2026, toujours par le Directoire Idex, encore une fois sans débat en commission recherche ni délibération du conseil d’administration à ce stade.
Où s’arrêteront-ils ? L’UGA semble avoir décidé d’explorer les limites de ce qu’une communauté scientifique peut tolérer en matière de gouvernance hasardeuse.
Une inégalité dans l’accès à l’information
Alors que la majorité de la communauté scientifique découvre cet appel plus ou moins le 12 septembre, certaines personnes ont été informées dès le mois de mai 2025 par la gouvernance de l’établissement. Des chercheurs ont été directement sollicités par cette gouvernance pour travailler sur des thématiques précises, en vue de proposer un projet CDP. Résultat : des porteurs ont eu 5 mois pour se préparer, pendant que d’autres disposent de seulement trois semaines pour répondre à l’AMI (qui permettra, notamment, d’élaborer le cahier des charges).
Cette situation crée une iniquité majeure devant l’appel à projets, en contradiction totale avec les principes de transparence, d’égalité de traitement et de déontologie universitaire*.
Une récidive déontologique
Ce nouvel épisode fait écho à un précédent grave. En février 2021, le Tribunal Administratif a annulé les décisions du comité de pilotage de l’IDEX de 2016, reconnaissant que la composition de la commission de sélection était irrégulière, et que la présence au sein de cette commission du président de la COMUE UGA avait entaché la procédure d’illégalité.
Malgré cette condamnation, le président et les administrateurs qui le soutenaient (dont la CFDT et le SNPTES) avaient refusé tout débat qui permette de tirer les conséquences de ce jugement comme l’ont dénoncé à l’époque les élus de la FSU, de l’UNEF, de l’UEG et de la CGT.
Alors que l’université aurait dû tirer les leçons de cette sanction judiciaire et restaurer la confiance par des procédures claires, ouvertes et équitables, le lancement du CDP 2026 révèle une gouvernance qui persiste dans des pratiques opaques qui ouvrent la porte à l’injustice.
L’urgence d’un sursaut collectif
À l’heure où l’UGA prépare la présentation de l’IDEX 2 et cherche à renforcer sa visibilité scientifique (tandis qu’elle descend dans le classement de Shanghai), cette nouvelle possible atteinte à la déontologie affaiblit la crédibilité de l’institution. Il est impératif qu’un débat soit ouvert sans délai en conseil d’administration et à la commission recherche, et que la communauté universitaire soit traitée avec équité, respect et transparence.
*Un courrier sur la procédure de l’appel à projet CDP va être adressé aux membres de la vice-présidence recherche ; il sera publié sur ce site.