Suite aux protestations autour de la conférence très problématique de Alain Bauer ce vendredi 28 février à 14h, un de nos collègues a reçu un mail d’intimidation provenant d’une personne de l’équipe politique de l’université. Ces méthodes ne sont pas acceptables dans le milieu académique dans lequel la liberté d’expression est garantie constitutionnellement, et sont contraires à la loi. Nous dénonçons fortement cette attitude et demandons à l’équipe politique de se désolidariser publiquement de tels comportements.
Nous publions, avec sa permission, la réponse de notre collègue (anonymisée) à cette personne :
Bonjour XXX
Je me suis fait la réflexion que les conférences d’exception avaient changé de nom en voyant l’annonce. Cela n’étant pas le cas, j’ai donc corrigé et fait un commentaire sur Linkedin. La confusion sémantique était vraiment très problématique, tu en conviens toi même. D’autant plus que les conférences d’exception sur le site de l’UGA indiquent ceci: Organisées depuis 2012, ces conférences exceptionnelles ouvertes à tous mettent en lumière un domaine scientifique de la communauté scientifique de Grenoble et permettent des échanges et rencontres avec la personnalité invitée.
On est vraiment proche! On pourrait se poser la question de son caractère volontaire ou non de la confusion. A titre personnel je me la pose.
Pour info, il n’y a pas eu de modification du mail d’invitation que nous avons reçu il y a quelques jours dans lequel « exceptionnelle » apparaît toujours et le lien annonçant la conférence mentionne toujours ce terme.
Il est donc évident que la confusion reste!
Ce point sur l’appellation est ceci dit mineur vue le problème majeur que pose cette conférence. Cela concerne l’ensemble de l’université. Pour info A. Bauer dont les travaux sont très contestés (voir fiche Wikipedia) est passé en jugement ce mois de décembre 2024 pour une affaire assez grave
Extrait de l’article du Monde (02-12-24) :
A l’encontre d’Alain Bauer, poursuivi pour recel de favoritisme et recel de détournement de fonds publics, le parquet a requis trois ans de prison dont deux avec sursis, 375 000 euros d’amende ainsi qu’une exclusion des marchés publics pour une période de cinq ans, estimant qu’il avait « bénéficié des contreparties financières » émanant de ces contrats.Que l’université invite une personne contre laquelle ont été requis 3 ans de prison deux mois plus tôt, est à mon avis très problématique. Il est certes présumé innocent tant que la décision n’a pas été rendue mais il eut été judicieux d’attendre le jugement avant de l’inviter au cas où il aurait été innocenté.
Nous sommes dans une période troublée, les attaques contre les sciences sont incessantes et nous avons un devoir de maintenir un exigence scientifique que ce monsieur n’a pas. Il a de plus un comportement éthiquement injustifiable. Ne pas le dénoncer publiquement aurait été me rendre complice de cette dérive et de l’onction, que de fait, l’université lui donne en l’invitant.
A titre personnel, ne penses tu pas que cela pose un problème? Plus largement, je suis très surpris que l’équipe politique que tu mentionnes dans ton mail, endosse de fait l’invitation de A. Bauer via le mail qui nous a été envoyé il y a quelques jours et jusqu’à avant hier via le site web de l’UGA (même si le site ne mentionnes plus que le Cercle du Y).
Par ailleurs ma liberté d’expression et ma liberté académique sont réglementairement protégées et sont même un principe constitutionnel. Je m’exprime en mon nom propre même si je suis directeur scientifique de XXX et professeur à l’UGA. Mon compte Linkedin est un compte personnel et ce n’est pas celui de XXX. Il n’est écrit nulle part que ce poste de directeur scientifique constitue une limitation à cette liberté d’expression. De plus jamais dans le cadre de mes activités au sein de XXX, je n’ai mis en cause l’UGA ni fait mention d’activités politiques ou militantes. Ma fonction de chargé de mission ne consistant qu’à conduire et développer les activités de cette structure multi-tutelles, il n’y a aucun lien avec l’équipe politique de l’université. Je n’en suis donc pas le représentant. Ton affirmation est donc factuellement fausse.
Je suis à ta disposition dès la rentrée du 10 mars et dans la limite de mon EDT très chargé pour discuter collectivement de vive voix de tout ces points. Peut être ne serons nous pas d’accord mais ce n’est pas grave, le dissensus fait partie du débat lorsque l’éthique est respectée et cela n’empêche pas de conduire des projets.
Bien à toi
XXX
PS: Les enseignants-chercheurs, les enseignants et les chercheurs jouissent d’une pleine indépendance et d’une entière liberté d’expression dans l’exercice de leurs fonctions d’enseignement et de leurs activités de recherche, sous les réserves que leur imposent, conformément aux traditions universitaires et aux dispositions du présent code, les principes de tolérance et d’objectivité. Article L952-2 du Code de l’éducation